ÉcoQuartier

Zac Las Fonses - Bois Vieux

Lieu Villeneuve-Tolosane (31)

OpérationExtension maîtrisée

ContexteAutre (Entrée de ville)

Description

Las Fonsès, la campagne urbaine du Grand Toulouse

Villeneuve–Tolosane est située dans la seconde couronne de l’aire métropolitaine de Toulouse Métropole. Il s’agit d’une commune de caractère essentiellement résidentiel, entretenant un lien privilégié avec les espaces naturels de la vallée de la Garonne et, de ce fait, avec l’écosystème de la flore et de la faune de la région. L’exploitation d’anciennes gravières à proximité, actuellement revégétalisées, a formé un paysage lacustre qui constitue un ensemble de riches habitats, composés avant tout d’espèces végétales et animales caractéristiques des zones humides. Le paysage est néanmoins complexe en frange de village, mélangeant terres agricoles, habitations pavillonnaires, gravières et cours d’eau.

Le secteur de Las Fonsès, ou les « bas-fonds » en occitan, constitue l’un des derniers espaces de développement urbain disponible sur la commune. Le contexte urbain local est peu dense, marqué par une forme urbaine plutôt pavillonnaire. Accueillir de nouveaux habitants et diversifier sa population, telle est la principale vocation du quartier de Las Fonsès, afin de renforcer l’unité et l’équilibre du territoire communal. Un double objectif social et économique a été fixé d’emblée : créer une offre de logement abordable dans ce secteur tendu pour faciliter l’installation d’une population jeune mais aussi de personnes âgées, de célibataires et de familles monoparentales. Pour ce faire, la commune souhaite développer un habitat diversifié, facteur d’intégration, en cohérence avec les besoins de la commune et de l’agglomération toulousaine. Situé dans le périmètre de la « ville intense » au sens du SCoT de l’agglomération toulousaine, ce secteur doit dégager un habitat dense (minimum 30 logements / ha) tout en offrant une qualité de vie qui rende le quartier attractif pour des ménages qui ne souhaitent ou ne peuvent pas se loger dans Toulouse, tout en recherchant la proximité de la ville-centre.

L’enjeu pour le quartier Las Fonsès est donc le suivant : comment créer de nouvelles formes urbaines, denses et désirables, en deuxième couronne d’agglomération ? La nécessité de répondre aux enjeux de lutte contre l’étalement urbain et d’intégrer les contraintes liées au changement climatique ont orienté le projet urbain à respecter les principes de développement durable et à incarner le concept de « campagne urbaine ». Dans un cadre marqué par la proximité d’espaces naturels riches et de grande qualité, les espaces publics sont pensés et construits comme le cœur névralgique du quartier.

Le Parc de Las Fonsès et les « doigts verts » : compenser la densité par l’apport d’aménités
Lors de la conception du projet, un choix initial très fort a été fait : densifier l’habitat pour libérer de l’espace public et préserver un grand espace naturel à partager. Le nouveau Parc de Las Fonsès en relation avec le Bois-Vieux se concentre ainsi au sud du secteur, évitant l’implantation de bâtiments qui pourraient gêner les différentes percées visuelles créées et proposant ainsi un espace plus intime et plus protégé en interaction avec les espaces naturels avoisinants. Le parc comprend également un dispositif de gestion des eaux pluviales avec deux bassins de stockage et d’infiltration sur la base d’anciennes fosses de graviers, permettant de mettre en valeur l’histoire du site tout en créant des zones humides. Plus au nord du projet, en lien avec les pavillons existants, le projet s’appuie sur une trame écologique identifiée au niveau du cours d’eau de la Saudrune et de son corridor rivulaire. Une zone de protection sera aménagée le long de la Saudrune (bande tampon de 10 mètres dépourvue de construction) afin de maintenir et valoriser les espaces boisés favorables au corridor écologique de la zone.

Le futur quartier abrite également les « doigts verts », espaces de proximité dégagés dans les îlots, proposant un espace de nature commun et à partager, dont l’usage sera construit par ses habitants. Les doigts verts remplissent également d’autres fonctions : garder des transparences pour les vues et proposer un lieu de passage pour les promeneurs. Ces petites allées avec jardins, servant d’accès secondaire aux habitations, permettent d’assurer la continuité écologique entre le parc et le ruisseau de la Saudrune. Pour ces « doigts verts » est proposé un traitement paysager basé sur la végétation. L’objectif est d’y promouvoir l’insertion de jardins potagers urbains mais également d’autres usages que les habitants voudront y installer. Ainsi, deux types de nature sont proposés dans le quartier : une nature apprivoisée (voirie ; bordures ; doigts verts) et une nature sauvage et préservée (Parc ; Saudrune). La densité est compensée par l’apport d’aménités au sein du quartier : le sentiment de calme et de campagne est accessible à proximité de Toulouse. La création d'espaces publics largement végétalisés entre le parc du Bois-Vieux et la Saudrune assure la continuité écologique sud-est / nord-ouest. Cet équilibre entre espaces bâtis denses et nature en ville est constitutif de l’identité future du quartier et des modes de vie de ses habitants. Réservoir de biodiversité, cette nature a aussi une vocation de lien social. Le Parc et les doigts verts vont en effet au-delà de la notion d’espace vert. Ils sont projetés comme un « produit culturel », un espace de socialisation et d’expérience environnementale, qui « brouillent » volontairement les limites entre l’environnement naturel et le cadre bâti. Différentes ambiances sont prévues pour satisfaire des usages variés (balade, loisirs, culture, etc.) : grandes pelouses, bosquets boisés, noues et bassins… Ces aménagements contribuent à la cohérence territoriale et à la fabrication de la ville, dans le respect des équilibres écologiques et de l’écosystème local.

La Place de Las Fonsès et les rues : des espaces publics vecteurs de lien social
Outre le soin apporté aux espaces de nature, le projet de Las Fonsès met l’accent sur la qualité des espaces publics. La Place, les rues sont conçues et appréhendées comme des espaces de vie, vecteurs du vivre-ensemble au sein du quartier. Une nouvelle centralité était à créer à une petite échelle, en complémentarité du centre ancien.

La Place est projetée comme un espace ouvert, point de repère qui articule les espaces de loisirs et les espaces d’activités. Elle est un élément urbain important autour duquel se trouvent différentes activités : des logements, des commerces et des bureaux. Elle joue un rôle à trois niveaux : aider à la cohérence de la trame d’espaces ouverts à l’ouest, offrir à la ville un nouvel espace de socialisation, et donner au quartier une identité. Des ouvertures sont ainsi créées vers les activités commerciales situées au nord, vers le groupe scolaire au sud et vers la RD68 à l’ouest. L’ouverture au rez-de-chaussée du bâtiment situé face au parc est particulièrement importante, car elle unit les deux nouvelles entités urbaines de référence du quartier (la Place et le Parc). Le rez-de-chaussée des bâtiments entourant la place sera destiné au commerce de proximité. L’installation de bars et de restaurants créera, avec ses terrasses, un lieu de rencontre et de vie. La Place pourra accueillir ponctuellement les marchés artisanaux, de fruits et de légumes, les brocantes, et toutes autres activités contribuant à améliorer les relations humaines et commerciales du quartier, de la ville et des environs. La Place doit être lue comme partie intégrante du Parc, et les éléments naturels situés sur la Place viendront faciliter cette lecture. Les espaces publics du quartier ont vocation à créer une liaison entre le lac Bois vieux et le centre-ville. Ainsi, le lac Bois vieux, le nouveau parc Las Fonsès du quartier, la place publique et les équipements scolaires dédiés à l’enfance et la petite enfance doivent contribuer à relier le quartier Las Fonsès au reste de la ville. S’inspirant de l’urbanisme à l’espagnole, la rue a été pensée comme un espace de vie, de rencontre et de partage. Le sud de la France et son climat confèrent à la rue un réel potentiel, où les activités de loisirs, de repos, de débat se déploient et s’organisent. La rue est donc davantage destinée aux piétons qu’aux voitures, c’est une rue vécue comme un espace partagé et multifonctionnel, qui n’a pas forcément besoin de frontières physiques pour les différents usages. Des espaces de stationnements suffisants, tant privés que publics, permettront de garantir cette multifonctionnalité.

La qualité des logements : des formes urbaines novatrices au service de la qualité d'usage
Suite à l’appel à idées « Habitat intermédiaire, densité désirable ! » mené en 2013 par la SEM d’aménagement Oppidea, le site de Las Fonsès a été retenu comme terrain d’expérimentation de nouvelles formes urbaines. Les premiers concepteurs intervenant sur le quartier sont donc choisis parmi ceux ayant candidaté à l’appel à idées. Chaque logement propose un espace de vie extérieur : un balcon d’une taille suffisante pour placer une table et y manger. La densité est progressive sur le quartier : densité faible aux abords de l’existant puis progressive jusqu’à la densité la plus forte autour du parc et des espaces naturels.

Le programme d’aménagement prévoit la réalisation d’environ 500 logements, dont les formes urbaines offrent une grande diversité de typologie de bâti : petits collectifs, habitat groupé, intermédiaire et individuel. La population attendue sur la zone est estimée à environ 1 200 habitants. Développer une diversité de l’habitat et renforcer la mixité sociale est un objectif structurant du projet depuis sa conception. La commune a programmé 30% de logements locatifs sociaux ; des logements adaptés aux personnes âgées et aux personnes handicapées seront aussi intégrés dans le programme d’aménagement du secteur. La création d’un habitat intermédiaire se veut une réponse originale à la question de la densité, forme urbaine encore peu répandue dans l’agglomération toulousaine. Trois critères essentiels le définissent : posséder à la fois un accès individuel, un espace extérieur privatif au moins égal au quart de la surface du logement et une hauteur maximale de R+3. L’habitat intermédiaire fait ainsi éclater l’opposition individuel/collectif et ouvre une troisième voie pour créer une densité vectrice de qualité de vie en deuxième couronne. La Loi Alur vise à favoriser le développement d’une offre de logements intermédiaires, notamment par la définition d’un statut spécifique, destiné à être occupés par des ménages aux ressources moyennes. La qualité du vocabulaire architectural proposé, son intégration et son impact dans le paysage urbain, sa cohérence par rapport au tout, aux parties et aux attentes de la commune font l’objet d’une attention particulière. Au-delà du discours technique sur la densité, le projet innove dans les formes urbaines pour combiner aspirations individuelles et intérêt général. En outre, les terrains situés en bordure de la Route de Roques seront consacrés à l’accueil d’activités économiques compatibles avec de l’habitat et un espace est également prévu pour accueillir un équipement public, assurant une mixité fonctionnelle nécessaire à la qualité de vie au sein de la commune. Enfin, les projets de construction visent à mettre en œuvre le Plan Climat de Toulouse Métropole et le principe des « 3 x 20 » (i.e. : -20% de consommations énergétiques, +20% d’énergies renouvelables, -20% d’émissions de Gaz à Effet de Serre).

En conclusion, l’originalité de Las Fonsès est de mener la réflexion à travers une méthodologie de conception partagée et partenariale, à l’échelle d’une ZAC, échelle plus grande que ce qui se fait habituellement en seconde couronne à Toulouse. Bénéficiant d’un portage politique fort et partagé, le projet a pu bénéficier d’un travail itératif et partenarial avec l’ensemble des parties prenantes (AMO, opérateurs, partenaires). Des appels à idées initiaux pour choisir les concepteurs ont été lancés et les promoteurs n’ont été sélectionnés que dans un second temps. L’enjeu phare du projet de Las Fonsès a été la réflexion autour de la création de nouvelles formes urbaines, denses et désirables, en deuxième couronne d’agglomération. En revisitant le concept de campagne urbaine et en plaçant le vivre-ensemble au cœur du projet, le pari a été fait de dégager le plus d’espaces publics possible. La compacité du développement du quartier, avec une concentration de l’habitat dans la partie nord-est, a ainsi permis de dégager plus de 60% de la surface totale en espaces publics. La conception par les architectes du quartier s’est appuyée sur l’idée d’un « urbanisme social » : la rue, le parc et la place comme lieux de vie et de socialisation. L’espace public a ainsi été appréhendé comme un critère majeur de la qualité urbaine et architecturale du site, à la fois condition et vecteur de la qualité de vie de ses futurs habitants.

Par ses particularités et sa volonté de faire du logement désirable au sein d’une ville dense, Las Fonsès constitue un laboratoire d’innovation urbaine à l’échelle de l’agglomération.

Adresse

ZAC Las Fonsès-Bois Vieux, 31270 Villeneuve-Tolosane