Le site a longtemps été utilisé comme dépôt par la Direction Départementale de l’Equipement, et par les services techniques de la ville de Château-Thierry. Des bâtiments à usage de bureaux, des hangars et des aires de stockage occupaient la quasi-totalité des 3 hectares. L’abandon de ces activités laisse la place à une immense friche industrielle située en frange urbaine, entre la zone industrielle de Brasles, et le centre ville de Château Thierry.

L’enjeu majeur de cette friche consiste à la reconvertir, en faisant la synthèse de ses caractéristiques intrinsèques (pollution des terres, nature géologique du sous-sol, inondabilité du site), de son environnement proche et lointain, et des règlements qui s’y appliquent (PLU, PPRI, Loi sur l’Eau), afin de développer un Eco-Quartier selon les principes du développement durable. La grande qualité de l’environnement naturel peut être mise à profit pour proposer un cadre paysager qui sera l’élément fédérateur du site. L’insertion paysagère des constructions, par sa qualité, donnera au quartier son identité et son unité.

Le site est limité au Sud par la Marne et au Nord par une colline encore très largement vierge. Des « fenêtres » de vue laissent voir l’échelle du grand territoire, avec quelques constructions phares comme le silo qui témoigne des activités agricoles de la région, ou les ruines du château qui est le symbole de richesse patrimoniale. Deux grands axes sont identifiables. Un axe Est-Ouest qui relie les centres-villes de Château-Thierry et de Brasles, parallèle aux cours d’eau et un axe Nord-Sud qui ouvre sur le grand paysage, vallée au Sud, colline au Nord. L’axe Est-Ouest va être conforté par les aménagements paysagers le long du rû du Marais, avec une liaison douce qui sera le trait d’union entre les deux centres-villes. L’axe Nord-Sud le sera par la création d’un grand jardin central et transversal qui laissera des cônes de vue sur les horizons du territoire. Une remise en valeur et un entretien des berges du rû permettront d’aménager des espaces de détente et une liaison entre les deux centres-villes : une piste cyclable sera aménagée, ainsi qu’une promenade piétonne doublée d’un parcours de santé qui conduira à l’Ouest jusqu’aux installations sportives existantes.

Le jardin central, d’une superficie de plus de 5.000 m², traverse le site depuis l’entrée Nord rue des Garats jusqu’à la liaison douce au Sud qui borde le rû. Il relie les deux secteurs les plus importants pour la biodiversité, celui du pied de la colline au Nord caractérisé par une végétation de marais et celui au Sud constitué par la riche flore autour du ruisseau. Elément central de l’aménagement, il est traversé d’Est en Ouest par la voie de desserte de l’Eco-Quartier élargie en placette et par des sentes piétonnes qui relient les différentes unités d’habitation. Sa partie centrale engazonnée est aménagée en aire de jeux pour les enfants. Ses franges d’une densité végétale plus forte sont structurées par un mail sur sa partie Ouest. C’est le lieu de rencontre et de détente du quartier ainsi que son image symbolique.

La reconversion de la friche industrielle nécessite de traiter la pollution des terres, pendant et après les travaux. Dans les espaces verts, la terre existante sera mélangée avec un compost, pour fixer les pollutions métalliques et améliorer la dégradation des hydrocarbures. La terre des noues serait aussi mélangée au compost et plantée d’une végétation spécifique à la phytostabilisation. Une étude hydraulique a démontré que les réseaux EP existants n’étaient pas en mesure de récupérer les eaux pluviales des toitures ou les eaux de ruissellement des voiries. Elles seront donc gérées dans des aménagements paysagers, à travers des noues formant des bassins filtrants, et à travers des filtres de piégeage, avant d’être rejetées dans le rû du Marais. Les surfaces potentiellement inondables des aires de stationnement seront évacuées au moment de la décrue par des aires perméables. Du fait d’un plancher de rez-de-chaussée des halls surélevé par rapport au terrain naturel, des aires de stationnement sont prévues dans la hauteur des pilotis sous les bâtiments, concentrant ainsi le stationnement avec les emprises construites et libérant les espaces extérieurs pour les aménagements paysagers. Un parking paysager à l’entrée Nord-Ouest du site, aménagé sous le couvert végétal existant, offre un complément de places.

Les emprises limitées des voiries et des stationnements libèrent les espaces extérieurs. Des sentes piétonnes distinctes des voiries irriguent l’ensemble du site pour desservir la plupart des unités d’habitations. Le stationnement des locaux artisanaux est prévu dans des cours de service closes ce qui minimise l’impact des voitures dans le cadre paysager. Depuis le grand jardin central où se concentrent les activités de loisirs et de détente, des jardins en lanières orientées Est-Ouest séparent les unités d’habitation. Aménagés en noues paysagères, ils peuvent être des lieux d’appropriation de leur environnement par les habitants qui pourront les personnaliser et leur donner une identité propre, caractérisant ainsi leur lieu de vie.

Un autre axe de développement de l’Eco-Quartier est celui d’une architecture économe en énergie. Plutôt que de faire porter tout l’effort sur la sur-isolation des bâtiments et la réduction des surfaces déperditives des ouvertures au détriment de l’usage, c'est l’option bioclimatique de la conception qui est privilégiée : une orientation au Sud des constructions permet de bénéficier des apports solaires gratuits en hiver et en demi-saison par un ensoleillement direct et abondant des appartements. Cette option ne réduit pas la surface des baies, bien au contraire, dès l’instant où une protection solaire efficace est prévue en confort d’été et que les vitrages présentent un bon niveau de performance énergétique. La qualité d’usage et l’agrément des logements sont valorisés. Une isolation par l’extérieur des constructions évite les ponts thermiques et renforce la performance d’ensemble. Les finitions des façades seront variées ; enduit à la chaux sur ITE de plusieurs teintes, bardage bois en Douglas ou en Mélèze, balcons métalliques avec plancher bois et gardes corps vitrés ou panneaux métalliques, orientés au Sud , celliers extérieurs colorés en fibres de bois. Les toits-terrasses sont végétalisés pour compléter efficacement les dispositifs d’isolation de toute l’enveloppe des bâtiments et pour la rétention des eaux pluviales.

Deux ateliers de 454 m² utiles chacun organisés autour de cours intérieures sont proposés dans la frange Est du site, en transition avec la zone d’activité limitrophe. Les bâtiments sont isolés par l’extérieur avec un bardage en bois. Les cours intérieures délimitées par des clôtures en bois (qui ne gênent pas l’écoulement des eaux) assurent les besoins en stationnement fixés par le PLU en limitant l’impact des véhicules dans l’aménagement général du site. Chaque bâtiment peut être divisé en deux cellules de 227 m².

La programmation des logements collectifs, regroupés en unités d’habitation de 12 à 16 logements offre une palette riche et diversifiée, qui participe à la diversité sociale de l’Eco-Quartier. Les logements sont en promotion, en accession sociale, en location libre, en location sociale, avec des logements pour seniors comprenant une salle d’activités et des logements monoparentaux.