Daoulas est une commune de seulement 543 hectares pour 1.800 habitants. Place institutionnelle et commerciale depuis le haut Moyen-Âge, Daoulas est petite une ville qui compte plus de 40 commerces, artisans, services, professions de santé, etc. Ce sont aujourd’hui 750 emplois qui y sont exercés (dont près de 150 occupés par des personnes qui habitent à Daoulas). Son rayonnement sur les 5/6 communes alentours (pour une population de 12 à 15.000 habitants) positionne notre cité comme Pôle d’Equilibre identifié dans le Schéma de Cohérence Territorial (SCoT) du Pays de Brest. Daoulas bénéficie également de dynamiques intercommunales très volontaires, en particulier pour les services à la personne (seniors, petite enfance, scolarité, jeunesse). Enfin, la forme urbaine de la commune est aussi un atout très fort : le bourg, véritable agglomération, regroupe l’activité et se trouve directement desservi par les principaux axes de circulation du secteur vers Brest (15 minutes), Landerneau (10 minutes) et Quimper (30 minutes). La plupart des destinations touristiques du Finistère sont d’ailleurs accessibles depuis Daoulas en seulement 1 heure. Tout autour, des espaces naturels attrayants, vallonnés, ouverts sur le fond de la rade de Brest, sont maillés par des sentiers piétonniers jusqu’aux limites des communes voisines. Dans l’agglomération, ces sentiers s’articulent avec les circulations douces qui permettent l’accès aux commerces et valorisent dans le même temps un patrimoine riche et diversifié. Au premier rang de ce patrimoine figure bien sûr l’ancienne Abbaye, qui domine le quartier historique et qui, par ses expositions de renommée internationale, attire chaque année des milliers de visiteurs. Ces multiples atouts sont accompagnés par un programme d’entretien et de réhabilitation de l’espace public, mené depuis 1996 : « Daoulas à la croisée des chemins de l’eau ». Prenant le contre-pied de notre situation de commune inondable, cette eau, omniprésente dans le bourg, est ainsi exploitée au bénéfice de notre qualité de vie. Elle est enfin protégée depuis 2005 par notre engagement de commune « Zéro Phyto », une démarche lourde mais qui provoque heureusement l’émulation chez de nombreux habitants.

Pour comprendre notre motivation à porter un projet d’éco-quartier, il faut noter aussi qu’une période cruciale vient de s’achever pour Daoulas avec l’aboutissement de la révision de notre Plan Local d’Urbanisme, approuvé le 25 juillet 2013. Décidée en décembre 2004, cette procédure a été particulièrement longue, du fait d’importantes évolutions réglementaires en matière d’urbanisme et d’environnement. Le Pays de Brest était aussi en train de se structurer avec l’élaboration de son SCoT, des schémas de secteurs des Communautés de communes et autres documents de programmation sur l’habitat, l’économie, le transport… A Daoulas, cette période a été mise à profit pour approfondir les diagnostics de notre territoire, renforcer la protection et la valorisation de certains éléments comme les zones humides, les talus… Nous nous sommes ainsi efforcés de prendre les meilleures précautions, alors que s’appliquaient progressivement les Loi SRU, UH, Loi sur l’Eau, Grenelle de l’Environnement, Natura 2000, Directive Habitat… Et nous avons réussi à construire d’intéressantes perspectives pour l’avenir de la commune, tout en respectant le cercle qui délimite l’urbanisation de Daoulas depuis 40 ans, essentiellement en comblant des « dents creuses » et en optimisant les dessertes existantes en voirie et réseaux.

Parallèlement, au cours de ces dix dernières années, nous avons également dû mener la refonte de notre installation d’assainissement collectif. Créées en 1984, nos lagunes ne répondaient en effet plus aux normes en vigueur en terme quantitatif. Se posait aussi le choix de la filière, d’un point de vue qualitatif, alors que notre station se trouve immédiatement au débouché d’un bassin versant de 86 km², en amont d’un domaine maritime conchylicole. Après une longue période d’étude et d’incertitude, dans un environnement juridique mouvant, nous avons pu lancer un gros chantier qui s’achèvera en cette année 2014. La compétence assainissement collectif a aussi changé de main durant ce temps, la Communauté de communes en étant le maître d’ouvrage depuis le 1er janvier 2013.

Concernant particulièrement l’habitat, une dernière problématique pèse à Daoulas : sa démographie. En effet, malgré ses nombreux attraits et la forte demande foncière, notre commune doit contrer la chute du taux d’occupation due au vieillissement de la population, face à un marché immobilier qui reste tendu, avec peu d’offres (phénomène de rétention foncière) et des tarifs d’acquisition trop élevés pour les ménages modestes. Au final, alors que la population des communes voisines augmentait de 10 à 25 % sur 10 ans, celle de Daoulas stagnait à 1.800 habitants (variation : 0,1 %). Or, notre commune a besoin d’un élan démographique pour atteindre un seuil de population qui garantisse les ressources nécessaires au maintien de sa qualité de vie. Ceci s’entend au sens du développement durable, c'est-à-dire en entretenant le dynamisme économique et la diversité sociale, et en préservant nos atouts patrimoniaux culturels et naturels.

Tout en menant progressivement d’importantes opérations sur l’espace public, alors que nous entamions la révision du PLU et les défis que cela constituait, nous avons compris que la commune devait agir en matière de foncier à destination de l’habitat. Or, alors que nous étions confrontés à ces multiples enjeux, nous ne pouvions pas nous permettre d’ouvrir simplement de nouvelles surfaces à l’urbanisation : nous devions prendre les devants. Ayant peu de moyens de peser sur l’initiative privée, nous avons conclu que nous allions devoir porter nous-mêmes une opération de lotissement.

Notre première approche a défini un dimensionnement d’une trentaine de logements, ce qui nous a semblé réaliste en terme de financement et de consommation d’espace, avec une densité de 15 logements à l’hectare correspondant aux premières orientations du SCoT du Pays de Brest. Nous avons alors exploré les possibilités qui s’offraient à nous. Située en arrière-front du quartier du Pouligou, une unité foncière légèrement enclavée, de taille cohérente, classée en 2NAd dans le POS en vigueur à l’époque, nous a semblé la plus adaptée. Nous avons fait étudier un Plan d’Aménagement d’Ensemble en 2007 pour valider le principe de notre opération. La création de ce nouveau quartier a alors été rendue possible par une procédure simplifiée de modification du POS.

Une nouvelle évidence s’est imposée dès l’origine du projet : cette opération devait être exemplaire. Nous étions désormais trop impliqués en matière de développement durable pour soustraire ce futur lotissement à des exigences qui nous paraissaient dorénavant incontournables. Notre adhésion à l’association BRUDED nous a permis très tôt d’enrichir notre démarche et nous avons abordé l’idée d’un éco-quartier. L’opération viendra combler une échancrure de l’urbanisation qui subsistait depuis les années 1980. Elle intégrera les éléments naturels du site : talus du bocage, zone humide, alignements d’arbres et constructions anciennes, sentier piéton dans un chemin creux en partie haute (le célèbre GR 34, sentier continu de 1.700 km qui longe l’intégralité du littoral breton)… Autant de défis qui n’ont fait que renforcer notre conviction.

Ce projet a été intégré au PADD du futur PLU, en cours d’élaboration. Et nous avons profité de la concertation réglementaire autour du PADD pour aborder l’urbanisation de certains secteurs, et en particulier l’opération du Pouligou. En 2007, nous avons mené cette concertation de manière très approfondie en organisant des réunions de quartier qui ont rassemblé plus de 400 personnes (sur 1.800 habitants).

Accompagnés par la DDTM dans le cadre d’une assistance à maîtrise d’ouvrage, par l’association BRUDED et le Parc Naturel Régional d’Armorique à partir de notre intégration en 2010, nous avons ouvert une consultation pour la maîtrise d’œuvre qui a retenu une équipe pluridisciplinaire particulièrement experte. Celle-ci nous a proposé d’opérer une phase de co-élaboration du projet en ateliers participatifs ouverts à toutes les personnes intéressées. Après avoir établi repris les éléments du PAE et complété les diagnostics du site, cette équipe a alors organisé des réunions de travail et un suivi rigoureux, qui ont mis au travail environ 50 personnes motivées (acquéreurs potentiels, habitants, professionnels du bâtiment, élus, associations… informés par une large communication), jusqu’à l’aboutissement d’un cahier des charges, d’un règlement et d’une ébauche d’aménagement pour le futur permis d’aménager.