Description
Félines-Minervois : un Eco-village ?
Les projets se sont mis en place sur la commune de Félines, issus d’une vision d’ensemble. La phase préalable à la réalisation de ces projets a été influencée par l’expérience qu'avait le Maire des pratiques politiques et des pratiques culturelles, mais aussi par le fait qu’il soit né dans une maison du village.
En 2008, il a fait appel au CAUE pour l’aider à réaliser un aménagement urbain, beau, qui pourrait se partager sans oublier d'y donner du sens ! « Un village, ce sont des maisons, des pierres, des rues mais ce qui donne le sens, ce sont les humains qui y habitent».
Une priorité a été donnée au développement des pratiques culturelles… L’art a toute son importance comme apport à l’ouverture aux autres et au développement de l’imaginaire. Les acteurs du spectacle vivant sont indispensables pour donner à la réflexion autant d’idées du monde que de spectacles présentés. D'autre part, l’appropriation de l’histoire du village est un enjeu culturel, cette question de l’identification est indispensable.
Une des qualités de ce village est d’être étiré et immergé dans un paysage de coteaux, un village des piémonts Minervois, habité depuis des millénaires. Ses paysages remarquables et ressentis comme tel, sont une richesse à protéger.
En 2008, la nouvelle équipe municipale a souhaité à travers les aménagements transformer le village avec l’idée de favoriser le "Vivre Ensemble".
Pour concrétiser ce souhait, plusieurs projets ont vu le jour : la création de logements sociaux et d'équipements culturels, la mise en place de lieux dédiés à la vie associative, la valorisation du centre et la maîtrise des extensions, avec l’espace public comme lien fédérateur de l’ensemble. D'où l’idée de la voie douce !
Le CAUE a été chargé de définir avec les élus et en relation avec la population, le cadre dans lequel viendraient s’insérer les projets successifs et accompagner ainsi le passage du projet de territoire au projet urbain. Aujourd’hui, quatre de ces projets sont opérationnels: les logements et le foyer rural, la caserne des pompiers et des « morceaux » de voie douce.
Félines, en occitan c’est le village des potiers, il s’est construit il y a deux mille ans à l’ouest et le long de la rivière l’Ognon, aujourd'hui rue du Moulin à Huile et rue des Jardins. Ces noms sont significatifs de l’activité agricole diversifiée de nos ancêtres. Elles existent toujours et elle sont toujours bordées de jardins potagers cultivés jalousement.
En faisant un saut de quelques siècles, nous voilà pour des raisons économiques et politiques confrontés à l’abandon de ces activités agricoles et plurielles au profit de la monoculture de la vigne. C'est le temps de la prospérité du XIXème siècle.
Le village se développe toujours à l’ouest et toujours en longueur par rapport à la rivière, d’abord par de petites rues qui enserraient les maisons de brassiers (ceux qui n’ont que leurs bras à louer) et plus loin, les premières demeures viticoles avec leurs caves à vin. Propriétaires des terres défrichées, une petite bourgeoisie (les riches…) d’employeurs, structure un vignoble à proximité du village et laisse les coteaux aux brassiers les plus entreprenants. Ceux-ci deviennent ouvriers et propriétaires, transformant les paysages et le village avec l’intention de « faire du vin ».
Les soubresauts de l’histoire mouvementée et engagée du Languedoc, les crises viticoles, la quantité plus importante du vin produit, ont initié de grandes luttes viticoles et l’avènement des caves coopératives.
Pour s’adapter, Félines se transforme à nouveau, toujours à l’ouest de la rivière, en matérialisant une grande voie de circulation (voie d’évitement ouest…) qui menait les deux bouts du village à… la cave coopérative.
C’est cette configuration qui prévalait encore très récemment, dans les années deux mille et que nous avons proposé aux Félinois de transformer pour moderniser le village autour de deux idées associées : une voie nouvelle qui structurerait la vie sociale et le Vivre Ensemble et qui soit voie de déambulation piétonne. Elle partirait de la Mairie et des écoles pour aller par une passerelle franchissant la rivière, rejoindre au bout du village les logements sociaux et le lotissement coopératif. (voir l’idée de la déambulation).
Tous les éléments de la vie sociale, culturelle et même économique réhabilités, reconstruits ou neufs, devront physiquement ou par leurs abords être reliés à la voie douce. Tel est le principe qui prévaut.
C’est ainsi qu’en venant de la Mairie et des écoles, après la passerelle, on longe les jeux d’enfants nouvellement installés, le terrain multi-sports en création, l’épicerie communale qui fonctionne et la caserne des pompiers réhabilitée. On traverse le cœur culturel du village (Une maison a dû être démolie pour favoriser ce passage) où la voie douce est bordée du foyer rural reconstruit et de l’immeuble historique rénové abritant la maison des associations, du patrimoine et des archives, la bibliothèque et la poste communale . Ce cheminement se poursuit jusqu’au lotissement communal coopératif en gestation en traversant volontairement le quartier Marcellin Albert des six logements sociaux livrés en juin.
Chacun des éléments précités peut être la destination d’un morceau de la déambulation, mais il peut aussi être simplement traversé. Il est doté chaque fois, d’un petit espace, d’une placette, d’un banc, d’un arbre : en fait, une station, un reposoir, pour parler mais aussi pour éveiller la curiosité sur ce qui se passe : l’animation de la bibliothèque municipale, des portes ouvertes à la caserne des pompiers, un concert de jazz au foyer rural, ou, le café pris à l’épicerie.